Du’â pour la Stabilité des Cœurs

"Seigneur ! Ne laisse pas dévier nos cœurs après que Tu nous aies guidés ; et accorde-nous Ta miséricorde. C'est ! Toi, certes, le Grand Donateur" [Sourate Al-Imran : 8]

Le terme "Al-Zaygh" désigne l'inclinaison par rapport à la droiture, et le dévoiement par rapport à la vérité. On dit "Zagha yazīgh" pour signifier le penchant ou l'inclinaison, comme lorsque le soleil "Zaghat" en se penchant de sa trajectoire habituelle.

Nous Te demandons, Seigneur, et nous T'implorons de ne pas dévier nos cœurs de la bonne voie après nous y avoir affermis, et de nous éloigner de l'inclinaison qui ne Te satisfait pas, et de l'égarement qui corrompt les cœurs et aveugle les regards. « Et accorde-nous Ta miséricorde », c'est-à-dire, accorde-nous de Ta part et de Ton côté des bienfaits et des grâces qui apaisent nos cœurs et améliorent nos conditions, car Tu es Celui qui accorde généreusement, nul autre que Toi. Car Tu es le Souverain absolu, et Tu dis : " Ce qu'Allah accorde en miséricorde aux gens, il n'est personne à pouvoir le retenir. Et ce qu'Il retient, il n'est personne à le relâcher après Lui. Et c'est Lui le Puissant, le Sage." [Sourate Faṭir : 2].

Vous remarquez que ce verset du Coran comprend la demande des croyants à leur Seigneur de stabiliser la foi dans leurs cœurs et de leur accorder davantage de Sa grâce, de Ses faveurs et de Sa bienveillance.

Ibn Kathīr a dit : "Cela signifie : Ne les détourne pas du droit chemin après les avoir guidés sur celui-ci, et ne nous rends pas comme ceux dont les cœurs sont égarés, ceux qui suivent ce qui est ambigu dans le Coran. Mais plutôt, rends-nous fermes sur Ton droit chemin et Ta religion juste."

{Et accorde-nous} signifie "accorde-nous de Ta part" {Ta miséricorde} afin de renforcer nos cœurs, de nous unir, et d'augmenter notre foi et notre certitude {C'est ! Toi, certes, le Grand Donateur} (Tafsīr Ibn Kathīr (2/13)).

D’après Umm Salama, le Prophète (que la paix et la bénédiction d'Allah soient sur lui) avait l'habitude de beaucoup invoquer en disant : « Ô Toi qui bouleverse les cœurs ! Affermis mon cœur dans Ta religion. » ! Je lui ai dit : 'Ô Messager d'Allah, est-ce que les cœurs changent vraiment ? Il a dit : 'Oui, certes, il n'y a pas un être humain parmi les fils d'Adam sans que son cœur soit entre deux doigts parmi les doigts d'Allah. Il le stabilise pour celui qu'Il veut de Ses créatures, et Il le fait dévier pour celui qu'Il veut. Nous demandons à Allah de ne laisse pas dévier nos cœurs après qu’Il nous aies guidés ; et accorde-nous Sa miséricorde. C'est ! Lui, certes, le Grand Donateur. (Rapporté par Aḥmad (26576)).

Le cœur croyant comprend la valeur de la guidance après l'égarement, la valeur de la vision claire après l'obscurité, la valeur de rester sur le droit chemin après la confusion, la valeur de la tranquillité dans la vérité après le doute, et la valeur de la libération de l'esclavage des servitudes humaines par l'adoration exclusive d'Allah.

Les cœurs sont entre les mains d'Allah, Il les guide comme Il le veut. Car l'homme peut être en bonne santé puis tomber malade, ou être malade puis guérir. Il peut être sur le bien puis se tourner vers le mal, et vice versa, et c'est à Allah que nous cherchons refuge. Ce qui compte, ce sont les fins dernières.

C'est Fakhr al-Rāzī qui a dit : "Et Allah Tout-Puissant a dit : « miséricorde », cela englobe tous ses aspects, y compris l'obtention de la lumière de la foi, de l'unicité divine et de la connaissance dans le cœur, l'obtention de l'obéissance dans les membres et les organes, l'obtention de la facilité dans les moyens de subsistance, la sécurité, la santé et la suffisance dans ce monde, l'obtention de la facilité lors de l'agonie de la mort, l'obtention de la facilité lors des interrogations dans la tombe, le pardon des péchés et la réussite au paradis dans l'au-delà."

Et Son propos : « de Ta part », englobe toutes ces catégories. Car lorsqu'il a été établi par des preuves évidentes qu'il n'y a de miséricorde que de Lui, Il a renforcé cela en disant : « de Ta part », pour rappeler à l'esprit, au cœur et à l'âme que ce qu'on cherche ne peut être obtenu que de Lui, Exalté soit-Il. Ensuite, Il dit : « C'est ! Toi, certes, le Grand Donateur » Comme si le serviteur disait : 'Ô mon Dieu, ce que j'ai demandé dans cette supplication est grand pour moi mais insignifiant par rapport à l'excellence de Ta générosité. C'est ! Toi, certes, le Grand Donateur qui, par Ton don, révèle les vérités des choses, leurs essences, leurs natures et leurs existences. Tout ce qui est en dehors de Toi provient de Ta bonté et de Ton bienfait. Ne déçois pas l'espoir de ce pauvre, ne rejette pas sa supplication et fais-le mériter Ta miséricorde.' (Tafsīr al-Kabîr, al-Fakhr al-Rāzī, 7/195).

Cette Du’â enseignée par le Prophète Muhammad (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui) est une leçon pour la communauté. Car le contexte narré est une source d'enseignement et un sujet de réflexion sur la crainte des conséquences néfastes pour ceux dont les cœurs sont égarés. Ils ne sont rien d'autre que des êtres humains rationnels, sans distinction entre eux et ceux qui sont fermement ancrés dans l'humanité, ni dans la santé mentale et émotionnelle. Leur égarement ne vient que de leur privation de la réussite, de la douceur et des moyens de guidée. (Al-Taḥrīr wa al-Tanwīr, 3/169).

Cela souligne l'importance de l'éveil de la communauté pour qu'elle soit consciente dans la contemplation de son Livre, afin de la mettre en garde contre la chute dans l'égarement qui a entraîné de nombreuses nations en raison de la présence de passages ambiguës dans leurs livres sacrés. Cela avertit également les musulmans de suivre les illusions fallacieuses, comme cela s'est produit chez certains Arabes qui ont apostasié et désobéi après la mort du Prophète Muhammad (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui), en pensant que la pratique religieuse n'était valable que tant que le Prophète était parmi eux. C'est pourquoi Abou Bakr invoquait ce verset dans sa prière pendant une période de rébellion parmi les Arabes.

Le trouble du cœur résulte de manifestations qui affectent l'esprit : des défauts intrinsèques, des impulsions issues de la confusion ou des désirs, ou encore une volonté affaiblie qui entraîne l'âme loin des vertus qui la caractérisent pour se tourner vers des vices que l'esprit envisage mais que l'âme rejette grâce aux enseignements du bien, appelés guidances. Ni le croyant, ni le sage, ni l'érudit, ni le discipliné ne sait à quel moment les causes du malheur peuvent survenir. De même, le malheureux et le distrait ne savent pas à quel moment les causes de se détourner de ce qui est bien peuvent se présenter, que ce soit à travers un changement dans le comportement, les caractéristiques, ou une altération du mélange. Allah dit : "Et nous détournerons leurs cœurs et leurs yeux" (Sourate Al-An'am, verset 110). C'est pourquoi le Coran mêle les éloges aux mises en garde et annonce les avertissements.

"après que Tu nous aies guidés ;" exprime la réalisation de l'appel avec douceur, car ils ont attribué la guidance à Allah, le Très Haut, c'était donc une générosité de Sa part, et le généreux ne diminue pas dans ses dons, le Prophète (que la paix et les bénédictions d'Allah soient sur lui) a cherché refuge contre la privation après avoir donné.

"et accorde-nous Ta miséricorde" signifie qu'ils ont demandé la perpétuation de la guidance, qui est la miséricorde, dans ce monde et dans l'au-delà, afin de prévenir les causes de l'égarement et du mal.

Et j'ai fait de la miséricorde une disposition de la part d'Allah pour faciliter ses moyens et créer ses conditions, par la prévoyance d'Allah. Si Allah le voulait, l'homme serait exposé à des calamités et des malheurs à chaque instant, car il est entouré de nombreuses créatures, vivantes et non vivantes, et il est extrêmement vulnérable face à elles. Sans la bienveillance d'Allah en éveillant son esprit pour éviter les accidents, en le guidant pour éviter les actions destructrices, en l'inspirant pour ce qui lui est bénéfique, et en faisant de ces forces dominantes pour lui des forces aveugles qui ne trouvent pas leur chemin vers leur but, et ne le rencontrent que par hasard et tourment. C'est pourquoi Allah dit : 'Allah est bienveillant envers Ses serviteurs' (Sourate Al-Shūra, verset 19). L'une des manifestations les plus évidentes de cette bienveillance est la capacité de faire face aux circonstances difficiles et de s'en remettre à Lui, comme j'ai mentionné précédemment dans le concept de 'la bienveillance en cas de nécessité'.

Al-Rāzī a dit : Le cœur est apte à incliner vers la foi, tout comme il est apte à incliner vers la mécréance, et il s'abstient de pencher vers l'un ou l'autre côté sauf en cas de stimulus et de volonté instaurés par Allah Tout-Puissant. Si ce stimulus est un appel à la mécréance, cela conduit à l'abandon, au détournement, au rejet, à la dureté, à la sévérité, à la cachette, et à d'autres termes mentionnés dans le Coran. Et si ce stimulus est un appel à la foi, cela induit la facilité, la guidance, la direction, la confirmation, la stabilisation, l'immunité, et d'autres termes mentionnés dans le Coran. (Mafātīḥ al-Ghayb (7/148).)

Certains exégètes ont dit : Ceci est un nouveau discours, c'est un enseignement d'Allah Tout-Puissant aux croyants pour qu'ils invoquent cette supplication. Le sens est le suivant : "Notre Seigneur, ô notre Créateur qui connaît nos âmes et L'Immuable sur nos affaires, « Ne laisse pas dévier nos cœurs. » Cela signifie de ne pas nous mettre à l'épreuve avec des tentations et des tests qui feraient dévier nos cœurs et perturberaient nos âmes, nous éloignant ainsi du droit chemin et de la voie juste. Le dévoiement commence toujours par la domination des désirs sur les âmes, les faisant vaciller et dévier. C'est comme le dit Allah : « Puis quand ils dévièrent, Allah fit dévier leurs cœurs... »

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